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La pénurie de dollars au Kenya : Tout savoir sur cette situation !

pénurie de dollars au Kenya
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Il y a des années que le Kenya, fort d’une économie dynamique et diversifiée, ne s’était autant inquiété de ses finances. La pénurie de dollars est un problème très sérieux, s’alarmant mi-mars à la télévision le patron de l’Association des industriels kényans KAM). Les usines kényanes sont contraintes d’importer environ 80 % de leurs matières premières, en dollars, et peinent à obtenir les précieux billets verts auprès des banques. 

 

Principal signe de cette pénurie, qui a débuté il y a un an, les réserves de la Banque Centrale ont fondu à un plus-bas d’environ 10 ans. A 6,3 milliards de dollars, elles ne couvrent désormais que 3,6 mois d’importations. Un chiffre inquiétant situé en dessous du plancher de 4 mois imposé par la réglementation, souligne Churchill Ogutu, économiste pour IC Group.

 

Déséquilibre structurel

Plusieurs facteurs ont conduit à cette situation. Tout d’abord, le déséquilibre structurel entre les exportations et les importations, caractéristique de nombreux pays africains, s’est aggravé sous les effets conjugué du Covid-19, de la guerre en Ukraine et d’une sécheresse record. Ainsi, au troisième trimestre 2022, les exports totalisaient environ 1,9 milliards de dollars tandis que le pays importait pour 4,9 milliards de dollars. Côté revenus, les produits phares comme le thé, le café et les fleurs ont souffert de la pandémie, de même que le tourisme. 

 

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Côté dépenses, le dollar, porté par la politique monétaire de la Fed, la Banque centrale américaine, coûte plus cher. Une situation qui a impacté le Kenya comme beaucoup d’autres pays en développement, déclare Rufas kamau, analyste de la plateforme FX Pesa “On a vu le naira nigérian perdre 100% de valeur face au dollar, on a vu le rand sud-africain perdre dans la même mesure, ça a été un problème mondial”, détaille-t-il. Au Kenya, il fallait 99 shillings kényans pour acheter 1 dollar avant la pandémie : ce chiffre a grimpé à 132 selon le taux officiel. Cette dépréciation s’est conjuguée, avec la guerre en Ukraine, à une flambée mondiale des prix comme ceux des denrées alimentaires, qui a d’autant augmenté les besoins en dollars. 

Comme le souligne Rufas Kamau, cette rareté a favorisé un phénomène de “thésaurisation” par les banques de leurs dollars, accentuant la pénurie.  

Résultat, contraintes d’attendre patiemment que leur banque leur attribue des billets verts, les entreprises kényanes font face à des délais qui contraignent leur acticité. “Au lieu d’exécuter une transaction en seul jour, cela prend maintenant une semaine”, observe Churchill Ogutu. “Il semble que plus personne n’utilise ce taux officiel”, estime l’analyste soulignant que même l’agence nationale de régulation de l’énergie EPRA), qui fixe notamment les prix des carburants, se réfère dans ses calculs au taux officieux du marché parallèle. 

Le citoyen lambda n’échappe pas à l’effet domino. Face à une situation qui s’est aggravée ces trois derniers mois, les industriels vont désormais répercuter la hausse des coûts sur leurs prix de vente.  Un sujet sensible alors que le pays connaît des manifestations liées notamment au coût de la vie. 

Selon les analystes, la situation pourrait cependant s’améliorer à moyen terme. D’abord, à la faveur d’un allègement de la politique monétaire de la Fed, le shilling pourrait se redresser dans les mois à venir. De plus, le Kenya attend de nouvelles aides de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui permettrait de renflouer les réserves de la Banque centrale, tandis que le gouvernement a conclu avec l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis des accords d’approvisionnement en carburant, à crédit pendant 6 mois. Une solution pour geler les lourdes dépenses sur ces produits qui représentent 500 millions de dollars mensuels.  

 

SUZANNE BATISTA  

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