L’exploitation du pétrole et du gaz au large des côtes du Sénégal ne seraient pas sans conséquence sur l’avenir économique et social du pays. Voici tout ce qu’il faut savoir sur l’exploitation du Gaz au Sénégal en cinq questions :
Depuis quand le Sénégal fait-il partie des pays producteurs de gaz ?
Après la découverte de gisements gaziers et pétroliers entre 2014 et 2015, au large de ses côtes et de la Mauritanie, le Sénégal est récemment devenu membre du “Gas Exporting Countries Forum” ou GECF “l’Opep” du gaz. Il a rejoint le club des pays producteurs comme la Russie, le Qatar, le Nigéria…
Le gisement de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) doit commencer sa production d’ici fin 2023.
Que représente la future production ?
Elle représentera pour débuter 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) chaque année. Une production largement inférieure à celle du Nigéria qui a les plus grosses réserves du continent africain. Le Qatar, premier producteur mondial produit environ 77 millions de tonnes de GNL/an. D’ici 2030, le Sénégal prévoit de produire jusqu’à 10 millions de tonnes de GNL/an.
10 millions de tonnes, c’est quand même extrêmement significatif au niveau du Sénégal. Ça va être un secteur économique très important, surtout qu’ils vont commencer la production pétrolière la même année. Donc il va y avoir les deux arrivées d’argent qui vont être concomitantes et qui vont faire en sorte que l’économie du pays va être bouleversée. Ce qui ne veut pas forcément dire que ce sera un producteur extrêmement important au niveau mondial, mais au niveau régional et continental, il pèsera.
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À quoi va servir ce gaz ?
Dans un premier temps, la majeure partie du gaz sera liquéfiée et exportée vers le marché européen pour générer des revenus financiers. Des pays comme l’Allemagne ou la Pologne qui cherchent à s’affranchir du gaz russe, ont manifesté leur intérêt pour le gaz du Sénégal. Les revenus du gaz doivent permettre de financer les “projets phares du Plan Sénégal Emergeant” selon le gouvernement sénégalais. Certains observateurs pensent que les rentes doivent servir à développer les énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien ou l’hydraulique.
Qu’est-ce que le “Gas-to-power” ?
Dans un second temps, une partie de la production servira au “gas-to-power”, l’utilisation du gaz pour alimenter les centrales électriques locales. L’un des défis auquel fait face le Sénégal, c’est l’autonomie énergétique. Il dépend énormément de l’importation des hydrocarbures qui alimentent son secteur énergétique. Donc, c’est une bonne idée d’utiliser la part dédiée à l’Etat du Sénégal et à Petrosen pour davantage réduire cette dépendance.
Le “gas-to-power” aura un impact important car on va remplacer un certain nombre de centrales qui fonctionnaient au diesel, au fuel lourd et à d’autres hydrocarbures très polluants par du gaz moins polluant et surtout qui sera moins cher, parce que ce sera le gaz du Sénégal. Le gisement de Yakaar Téranga devrait satisfaire les besoins en gaz du marché domestique à partir de 2024. Selon l’Etat sénégalais, le gaz destiné au marché local permettra de baisser les couts de production de l’électricité d’environ 50 %.
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Quels risques liés à l’exploitation du gaz ?
Dans de nombreux États, notamment en Afrique, la production de gaz et de pétrole entraine de manière paradoxale un appauvrissement du pays. En cause : la mauvaise gouvernance des ressources naturelles. Si vous n’avez pas de contre-pouvoir avant l’arrivée de la production pétrolière et gazière, vous allez avoir un développement considérablement inégalitaire, parce qu’il va y avoir une concentration des richesses dans les mains du régime en place. L’avantage du Sénégal est qu’on est dans un cas qui est assez proche de celui du Ghana, c’est-à-dire des gens bien formés avec une société civile qui existe. Il y a des chances que la manne soit bien répartie, parce que la gouvernance est meilleure que beaucoup de pays qui sont devenus producteurs ces 10-15 dernières années, en particulier en Afrique centrale.
L’indice de gouvernance des ressources naturelles évalue les politiques et les pratiques employées par les autorités pour gouverner les secteurs pétrolier, gazier et minier de leur pays. En 2021, la RDC, l’Ouganda ou encore le Maroc ont obtenu des scores “insuffisants, faibles ou défaillants”, tandis que le Ghana et le Sénégal font partie des bons élèves.