Malgré un environnement mondial peu favorable, les jeunes pousses spécialisées dans l’échange et la conservation des cryptomonnaies ont accaparé 52,4% du total des levées de fonds de start-up africaines focalisées sur la blockchain durant l’année écoulée.
Les investissements en capital-risque dans les start-up africaines opérant dans les domaines de la blockchain ont atteint 474 millions en 2022, un montant en hausse de 429% par rapport à 2021, selon un rapport publié le 18 avril par Crypto Valley Venture Capital (CV VC), une société de capital-risque basée en Suisse, en collaboration avec le groupe bancaire sud-africain Standard Bank.
Intitulé “The African. Blockchain Report 2022”, le rapport souligne que le rythme de croissance des investissements en capital-risque liés à la blockchain en Afrique est beaucoup plus rapide que celui enregistré à l’échelle mondiale (4%), malgré le tumulte qui a frappé le marché des cryptomonnaies durant l’année écoulée.
Le continent ne représente cependant qu’environ 1,8% de l’ensemble des financements captés par l’industrie de la blockchain à l’échelle mondiale (26,8 milliards de dollars).
Le nombre de transactions conclues entre des acteurs du capital-risque et des jeunes pousses actives dans le domaine de la blockchain sur le continent a atteint 28 opérations durant l’année écoulée contre 26 transactions seulement en 2021.
L’année 2022 a également enregistré la clôture de deux premiers méga-tours (investissement de plus de 100 millions de dollars) et la naissance de deux licornes africaines dans les domaines de la blockchain. La plateforme d’échange de cryptomonnaies basée aux Seychelles Kucoin a en effet levé 150 millions de dollars alors que MFS Africa, dont le siège social se trouve en Afrique du Sud, a récolté 100 millions de dollars. Ces deux grosses transactions représentent 33 % du nombre total de méga-tours réalisés par l’ensemble des start-up africaines (tous secteurs d’activité confondus) durant l’année écoulée.
Un premier trimestre 2023 mitigé
Grâce à sa levée de fonds record, Kucoin a accédé l’an passé au statut de licorne aux côtés de Scroll, une start-up basée aux Seychelles qui avait levé 30 millions de dollars en avril 2022.
La répartition par pays des fonds levés par les jeunes pousses africaines focalisées sur la blockchain en 2022 montre que les Seychelles arrivent au premier rang avec 208 millions de dollars, devant l’Afrique du Sud (177 millions $). Ces deux pays accaparent ensemble 81% des investissements en capital-risque dans cette catégorie de start-up en 2022.
Viennent ensuite le Liberia (37,5 millions $), le Kenya (25,7 millions), le Nigeria (15,9 millions), le Cameroun (8 millions) et le Ghana (2 millions).
La répartition des investissements en capital-risque dans les start-up de la blockchain par segment d’activité fait ressortir que les jeunes pousses spécialisées dans l’échange et la conservation des cryptomonnaies ont accaparé 52,4% des levées de fonds. Ces start-ups sont talonnées par les pépites opérant dans les domaines de la fintech (24,3%), des infrastructures et du développement (14,3%), des jetons non fongibles, du gaming et du métavers (6,8%), de la finance décentralisée (0,8%), de l’énergie (0,7%), de la gestion des données, de la vérification et les analyses (0,5%) et de l’immobilier (0,1%).
La ventilation des investissements par type de levées de fonds révèle que 90% des levées de fonds ont été réalisées en série A et B contre 9,4% en Seed (premier tour de table), 0,3% en pré-Seed (capital amorçage) et 0,3% en financement participatif en capital (equity crowdfunding).
Le rapport révèle par ailleurs que l’année 2023 n’a pas très bien commencé pour les jeunes pousses opérant dans les domaines de la blockchain sur le continent. Quatre transactions d’un montant cumulé de 77,5 millions de dollars seulement ont été recensées au premier trimestre de l’année en cours, ce qui représente une baisse de 14,4% par rapport à la même période de l’année écoulée.
SUZANNE BATISTA