“Sur le continent africain, les consommateurs sont de plus en plus confrontés à des hausses injustifiées du prix d’accès à la nourriture qui fragilise leur sécurité alimentaire”. C’est ce qu’a indiqué Consumers International (CI), la fédération mondiale des associations de protection des consommateurs dans une note rendue publique.
Pour aboutir à cette conclusion, l’organisation a développé un nouvel outil baptisé “Fair Food Price Monitor” qui s’appuie sur des données issues des autorités statistiques nationales et des agences des Nations unies pour suivre la relation entre les prix des denrées alimentaires à différents stades des chaînes d’approvisionnement nationales.
Selon CI, l’analyse des résultats obtenus à l’aide de cet instrument a révélé que pour plusieurs denrées alimentaires de base, les prix de vente au détail ont augmenté plus rapidement que les prix de gros au Ghana, au Nigéria et au Kenya qui sont les trois pays où l’enquête a été réalisée.
Au Ghana, l’outil montre ainsi qu’entre janvier 2022 et juillet 2023, le prix de vente au détail des oignons a grimpé de 42,4 % alors que dans le même temps, les tarifs pour le gros n’ont augmenté que de 18,1 % sur la période. Du côté du Nigeria, le prix au détail de l’igname a cru de 74 % entre janvier 2022 et septembre 2023 contre des prix de gros en hausse 60,3 %. Sur la même période au Kenya, les tarifs de vente du lait pour les consommateurs ont augmenté de 13,9 % alors que les prix de gros n’ont augmenté que de 8,7 %.
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“Cela montre qu’alors que les coûts augmentent pour tous les acteurs du marché, les consommateurs supportent une charge injuste et excessive. L’outil examine plusieurs explications potentielles à cette divergence entre les prix de détail et les prix de gros, telles que l’augmentation des coûts du carburant et l’affaiblissement du taux de change, mais constate que si ces facteurs ont pu contribuer, ils ne semblent pas être suffisants pour expliquer la hausse excessive des prix de détail et des prix de gros” indique Consumers international.
En outre, selon l’organisation, si les prix alimentaires mondiaux sont en baisse constante depuis mars 2022 d’après l’indice de la FAO, cela ne profite pas encore aux consommateurs du monde entier.
“Lorsque les coûts de production et d’importation des denrées alimentaires augmentent, il est inévitable que les consommateurs doivent payer des prix plus élevés. Toutefois, sur un marché national concurrentiel, on s’attend à ce que les marges bénéficiaires diminuent légèrement, puisque la charge est partagée entre les producteurs, les négociants, les détaillants et les consommateurs de denrées alimentaires”
Plus globalement, CI précise que ses conclusions s’inscrivent dans la même veine que les différents rapports de la CNUCED et de l’OMC publiés cette année qui ont mis en évidence les pratiques de plusieurs entreprises qui abusent de leurs positions dominantes pour gonfler leurs profits au détriment des consommateurs. Face à cette tendance, l’association appelle notamment les gouvernements à renforcer la surveillance de la concurrence sur les marchés et veiller à l’application des tarifs équitables pour les consommateurs.
SUZANNE BATISTA
Source : Agence Ecofin / Consumers International (CI)
