La Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) estime qu’il existe plus de 1,8 milliard de dollars de valeur d’exportation inexploitée dans le secteur des aliments manufacturés dans la zone de libre-échange continentale africaine.
Plusieurs secteurs sont en pleins essor et demandent une attention particulière. Le secteur de la noix de cajou connaît actuellement une demande mondiale en plein essor, car les régimes alimentaires des pays riches deviennent moins dépendants des produits laitiers et des protéines animales. Le continent produit 60 % de la noix de cajou brute mondiale. De nombreux pays producteurs africains ont le potentiel d’augmenter leur production, la Côte d’Ivoire a réussi à doubler ses volumes de production au cours de la dernière décennie.
L’Afrique transforme aujourd’hui moins de 10 % de son propre produit et exporte la grande majorité de la noix de cajou brute vers le Vietnam et l’Inde, les géants mondiaux de la transformation de la noix de cajou transformant environ 90 % de la noix de cajou brute mondiale. Ceci constitue une énorme perte pour le continent.
Bien qu’il existe des investissements accrus dans la transformation sur le continent africain, cela ne se produit pas à l’échelle requise. L’un des principaux défis auxquels sont confrontés les investisseurs est que le secteur agroalimentaire africain est dominé par des petites et moyennes entreprises (PME) avec une productivité relativement faible en raison de faibles niveaux d’automatisation et de mécanisation.
Pour croître et se formaliser, les entreprises ont besoin d’aide pour développer leur capacité d’innovation. La capacité de traitement moderne nécessite l’introduction de processus de numérisation pour améliorer la traçabilité des produits et la capacité de démontrer la conformité aux normes internationales de qualité, de sécurité alimentaire et de travail. Tout cela doit être encouragé par une stratégie industrielle dédiée et un environnement politique favorable aux investissements.
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Dans la transformation de la noix de cajou, nous voyons le gouvernement de Côte d’Ivoire mettre en place les éléments constitutifs d’une stratégie industrielle pour renforcer les capacités de production nationales. La stratégie comprend des investissements publics dans les centres de formation professionnelle pour améliorer les compétences tout au long de la chaîne de valeur. Il comprend la création d’un organisme dédié à la régulation et au développement du secteur, et la mise en place de quatre parcs industriels financés par la Banque mondiale avec une capacité de traitement à grande échelle. La Côte d’Ivoire dispose d’un guichet unique pour simplifier les processus d’investissement et financer publiquement la recherche et le développement pour la fabrication locale d’équipements de transformation.
Enfin, pour stimuler le développement de l’industrie naissante, le gouvernement a à la fois imposé des limites aux volumes d’exportation autorisés de noix de cajou brutes et a introduit le paiement de subventions pour les noix de cajou transformées localement, augmentant les marges des transformateurs nationaux.
Aujourd’hui la Côte d’Ivoire constate des améliorations dans le volume de transformation domestique. En 2022, la Côte d’Ivoire transformait localement 22 % de la noix de cajou brute qu’elle produit, contre 6 % en 2016. Si les gouvernements voisins font des stratégies industrielles similaires adaptées pour soutenir la valeur ajoutée à travers le continent, les résultats étant démontrés par la Côte d’Ivoire pourrait représenter le début d’une transformation agricole africaine.
SUZANNE BATISTA
Source African business
