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L’UEMOA met la pression sur la trésorerie des banques après le passage au taux variable

UEMOA met la pression sur la trésorerie des banques
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Après ses politiques accommodantes pour tonifier l’économie sous-régionale alors en proie à la crise sanitaire, la BCEAO resserre petit à petit le vis pour lutter contre l’inflation. Un retour à la normale qui met la pression au secteur bancaire de l’UEMOA.

Depuis mi-février, le marché interbancaire de l’UEMOA est secoué par une tension sur la trésorerie causée par la reprise des adjudications aux guichets de refinancement hebdomadaire mensuel à taux variables. Une mesure que la banque Centrale avait prise dans le cadre de la normalisation de sa politique monétaire. Le retour des taux variables était censé réduire la masse monétaire. Afin de permettre à l’institution faîtière de lutter contre élevée que connaît la communauté monétaire. 

Selon les acteurs bancaires de l’espace UEMOA, le passage aux injonctions de liquidité à taux variable a permis de “détecter des défaillances dans la gestion de la liquidité des banques et de tester leurs solidités”. 

Certaines banques n’ont pas réussi à s’adapter à la nouvelle situation. Selon les acteurs, plusieurs banques avaient adossé une grande partie de leurs emplois sur le financement aux guichets BCEAO. Plutôt que de renforcer leurs efforts dans la collecte des dépôts. Certaines ne disposaient même pas d’outils de gestion du portefeuille titres pour améliorer leur performance. En plus, d’autres n’ont pas pu anticiper les événements, faute d’outils de gestion de liquidités et de taux.  

Et pour cause : les banques dont la principale mission est de collecter des dépôts et d’octroyer des crédits ont ces dernières années eu tendance à se concentrer davantage sur la recherche de marges entre le coût du refinancement de la BCEAO et les revenus d’Etat. Au détriment de leur mission fondamentale.  

On a donc assisté à une transformation du bilan des banques avec une forte évolution des ressources interbancaires en lieu et place des dépôts clientèle et un fort accroissement de l’encours des titres de placement au détriment du crédit à la clientèle. 

Avant, lorsque les taux étaient fixes, les acteurs du marché connaissaient les taux d’avance et élaboraient leur stratégie en conséquence. Mais avec la reprise des injonctions à taux variables, la concurrence s’est accrue entre les différents acteurs. Les stratégies basées sur le refinancement au guichet sont donc devenues incertaines, car si auparavant la BCEAO prenait en charge tout le monde, les taux sont désormais soumis à la concurrence. 

 

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Selon les données, le taux moyen pondéré sur les adjudications a augmenté pour atteindre 4,4531% lors de la dernière opération sur le marché, le 6 mars dernier. Cela représente une hausse par rapport aux taux fixes précédents qui étaient de 2,75%. Certaines banques ont même proposé des taux encore plus élevés. Allant jusqu’à 4,75%, afin d’acquérir de la liquidité sur une période d’une semaine. Il s’agit du taux maximal appliqué sur le guichet de prêt marginal, qui est le taux d’intérêt que la Banque Centrale facture aux banques commerciales pour des prêts de liquidité d’urgence à court terme. 

Pour certains acteurs du secteur bancaire, cette inflexion de la politique monétaire de la BCEAO aura d’énormes conséquences sur la vitalité des banques de l’Union. Dans la mesure où la hausse du coût de refinancement ne pourra être facturée aux créanciers dans le court terme. 

“La plupart des banques seraient concernées par cette situation. A l’exception des banques appartenant aux grands groupes financiers” estime-t-on. Laissant, ainsi, planer les craintes d’une baisse subséquente de revenus pour certaines banques. 

Cette situation intervient alors que la Banque centrale a décidé de rehausser à nouveau ses principaux taux directeurs de 25 points de base, pour la quatrième fois en 9 mois. La mesure qui entre en vigueur ce 16 mars prochain pourrait avoir des conséquences significatives sur les banques et les acteurs économiques plus en général. Car, elle implique une nouvelle hausse du coût du crédit dans un environnement où l’accès au financement est déjà difficile. 

Déjà en constante hausse depuis l’année dernière, les taux d’intérêts sur les obligations souveraines émises sur le marché des titres publics par adjudication organisé par l’UMO-Titres devraient également augmenter. Cet état de choses ne sera pas sans impact sur les investissements. Alors que les Etats de l’Union, presque privés des marchés internationaux, se tournent de plus en plus vers les plages régionales pour mobiliser des ressources. Afin de financer leur budget d’investissement.  

Et même si la Banque Centrale dans son dernier communiqué sur le relèvement des taux directeurs indique que la liquidité reste adéquate dans le secteur bancaire de l’Union. Et devrait permettre aux banques de poursuivre le financement des économies, l’alerte reste en vigueur. 

Voilà comment l’UEMOA met la pression sur la trésorerie des banques après le passage au taux variable.

 

Suzanne BATISTA  

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