Taxes carbones européennes, l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) a exprimé sa vive opposition au mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) proposé par l’Union européenne (UE) et appelle à la mise en place d’un moratoire en faveur des pays africains.
Lors de l’édition 2024 de l’African Oil Week (AOW), qui s’est clôturée le jeudi 10 octobre, Dr Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de l’APPO, a mis en garde contre les risques économiques que cette initiative fait peser sur la croissance de l’Afrique.
La croissance du continent repose en grande partie sur la monétisation de ses ressources, notamment énergétiques. Or, le dispositif MACF, mis en place par l’UE sous le prétexte de la transition énergétique, risque de limiter les possibilités d’exportation de ces ressources.
La taxe carbone est un impôt environnemental dont le montant varie selon la quantité de CO2 émise lors de la consommation d’un bien, d’un service ou d’une ressource. Sa vocation première est d’inciter les entreprises et les consommateurs à adopter des modes de production et de consommation faibles en carbone, en augmentant le coût pour les pollueurs. Elle sert également de mesure de défense commerciale en rendant les conditions de concurrence plus équitables entre les entreprises nationales et celles des pays tiers, en attribuant un prix au carbone pour certains produits importés.
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« L’Afrique ne peut pas se développer sans combustibles fossiles. L’Afrique mérite mieux », a déclaré Dr Ibrahim, soulignant la nécessité d’une politique équilibrée et juste qui tienne compte des défis uniques auxquels les économies africaines sont confrontées.
Lorsque cette disposition, adoptée il y a un an, entrera en vigueur en 2026, elle pourrait entraîner pour l’Afrique un manque à gagner annuel estimé à 25 milliards de dollars, selon la Fondation africaine pour le climat (ACF) et l’Institut Firoz Lalji.
Une taxe carbone européenne est déjà entrée en vigueur en octobre 2023, avec une période de transition de trois ans durant laquelle seules les obligations de déclaration s’appliqueront. Les paiements ne seront exigés qu’à partir de 2026.
Le MACF s’appliquera dans un premier temps à sept secteurs (ciment, acier, fer, aluminium, engrais, électricité et hydrogène), mais la liste des secteurs couverts devrait s’élargir progressivement.
Au-delà du moratoire souhaité par le secrétaire général de l’APPO, certains analystes estiment que l’Afrique pourrait envisager de miser davantage sur des systèmes de tarification du carbone pour aligner son industrie sur les normes internationales.
Ils suggèrent également, bien que ce point de vue soit controversé, que le renforcement des investissements dans les énergies renouvelables pourrait réduire la dépendance aux combustibles fossiles et diminuer l’empreinte carbone des exportations africaines.
SUZANNE BATISTA
Source : Agence Ecofin / Le Monde.fr