Start-up africaines, peu d’entrepreneurs de la tech en Afrique se tournent vers des thérapeutes pour soigner un burn-out professionnel, des troubles anxieux ou une dépression. La majorité d’entre eux optent pour des mécanismes d’adaptation plus ou moins efficaces comme le sport, le sommeil ou l’alimentation saine.
Bien que l’écrasante majorité des fondateurs africains de start-up soient passionnés par leur travail, créatifs et ambitieux, 86% d’entre eux reconnaissent être confrontés à des problèmes de bien-être mental liés notamment aux difficultés d’accès au financement et au paysage macroéconomique imprévisible sur le continent, souligne un rapport publié en novembre 2024 par la firme de capital-risque Flourish Ventures.
Intitulé « Passion and perseverance : Voices from the african founder journey », le rapport se base sur une enquête réalisée auprès de 169 fondateurs et fondatrices de start-up dans 13 pays africains, dont le Nigeria, l’Egypte et le Kenya.
Alors que le psychisme des fondateurs est souvent un mélange détonnant d’une forte motivation et de pressions incessantes, le parcours des start-up leur fait payer un lourd tribut mental et émotionnel. Parmi les entrepreneurs confrontés à des problèmes de santé mentale, 60% ont déclaré souffrir d’anxiété, 58% de stress élevé, 52% d’épuisement professionnel (burn-out) et 20% de dépression.
Sur l’ensemble des fondateurs couverts par l’enquête, 38% seulement indiquent qu’ils s’étaient réveillés avec un sentiment de fraîcheur et de repos au cours des deux dernières semaines, et 37% avaient éprouvé des sentiments de calme et de détente.
Même les fondateurs à la tête de start-up considérées comme étant « florissantes » telles que FairMoney, Flutterwave, MaxAB et Pula ne sont pas épargnés, étant donné que 76% d’entre eux avouent souffrir de problèmes de bien-être mental.
Plus généralement, 78% des entrepreneurs sondés, dont 79% sont des hommes, qualifient le fait d’être un fondateur de start-up de « job solitaire », et ont souvent l’impression que le poids de l’entreprise repose uniquement sur leurs épaules. D’autant plus qu’ils ne se sentent pas autorisés à parler ouvertement de leurs préoccupations professionnelles et de leurs sources de stress pour maintenir le moral et la productivité de leurs équipes.
Mécanismes d’adaptation
Le rapport révèle que les principales sources de stress éprouvé par les fondateurs durant les 12 derniers mois ont été l’accès à des financements (59%), l’inflation et la dépréciation des monnaies (44%) et les autres incertitudes macroéconomiques (40%).
Les femmes fondatrices font état de facteurs de stress distincts, qui vont au-delà des défis typiques auxquels font face les start-up. Les facteurs de stress les plus évoqués par les femmes entrepreneures dans le paysage tech africain sont notamment l’absence d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée (53%), la peur de l’échec (53%) et la solitude (44%).
Les fondateurs et fondatrices de jeunes pousses africaines ne sont pas tous disposés à parler ouvertement de leurs problèmes de bien-être mental. 14% d’entre eux se décrivent comme « très ouverts » à la communication sur leur stress. Et même quand ils choisissent d’en parler, ils se tournent souvent vers leur famille et leurs amis (81%) plutôt que vers les pairs (42%) ou les mentors (22%).
Dans ce même chapitre, moins de 2 fondateurs sur 10 se sentent tout à fait à l’aise pour discuter de leurs problèmes d’ordre mental avec leurs investisseurs, et 1 sur 10 pense que les investisseurs se soucient vraiment de leur bien-être mental.
En outre, 25% des fondateurs recherchent une aide auprès d’un coach ou un thérapeute, en raison notamment de la persistance des perceptions négatives liées au recours à un professionnel dans le domaine de la santé mentale.
Pour tenter de gérer les énormes pressions qu’ils subissent au quotidien, beaucoup se tournent vers des mécanismes d’adaptation tels que l’exercice physique (59%), le soutien des proches (49%), la récupération des heures de sommeil perdues (45%) et l’alimentation saine (42%).
Malgré l’impact négatif de l’aventure entrepreneuriale sur leur santé mentale, les fondateurs africains aiment ce qu’ils font. 81% d’entre eux apprécient leur parcours, et 64% préféreraient créer une nouvelle start-up plutôt que devenir un salarié en cas d’échec de leur entreprise.
La rédaction de H&C magazines
Source: Agence Ecofin