Société Générale poursuit son retrait du sol africain. En effet, dans le cadre de sa stratégie de retrait de plusieurs filiales africaines, Société Générale a conclu un accord avec l’État béninois concernant la cession intégrale de ses parts majoritaires (93,43%) dans Société Générale Bénin. “Cet accord, qui doit encore être validé par les autorités financières et réglementaires compétentes, implique également Société Générale Togo, qui est une succursale de la franchise béninoise”, écrit la banque dans un communiqué, sans préciser le montant de l’opération.
“L’État béninois reprendrait la totalité des activités opérées par cette filiale, ainsi que l’intégralité des portefeuilles clients et l’ensemble des collaborateurs de cette entité”, précise Société Générale.
En termes d’impact, pour Société Générale, le Bénin ne pèse que 33 milliards d’euros dans un PNB (produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires) africain de près de 2 milliards d’euros au 31 décembre 2023. À l’échelle du groupe, son poids est encore plus faible. La succursale togolaise, elle, n’est pas plus imposante.
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Opérant uniquement sur le segment Corporate, elle ne pèse que 2% sur le marché togolais du crédit et autant en termes de dépôts. Société Générale, pour sa part, a indiqué que cette cession de portefeuille aura un impact comptable négatif d’environ 25 millions d’euros (16,4 milliards FCFA) sur sa performance au troisième trimestre 2024. Cependant, le ratio de fonds propres dits durs (CET 1) sera impacté positivement d’environ 2 points de base par cette transaction qui doit être finalisée au premier trimestre de l’année prochaine.
Pour l’heure, on ignore encore les plans de Cotonou vis-à-vis de ces actifs. Le pays peut choisir de les céder à un privé à sa convenance, comme cela a été le cas au Congo, ou bien en faire une banque publique, renforçant ainsi sa présence sur ce segment. Au 31 décembre 2023, le poids de l’actionnariat public dans les établissements bancaires au Bénin était de 25,9% contre 9,5% quatre ans auparavant, selon les données de la Commission bancaire de l’UEMOA. L’État béninois est également l’acteur le plus présent dans le capital des banques, derrière l’Ivoirien (32,9%) et le Malien (32%).
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Société Générale a commencé à se désengager en Afrique. En décembre et en janvier, elle a vendu deux de ses filiales au Congo et au Tchad et en a fait autant au Maroc en avril. La stratégie de simplification du portefeuille d’activités s’inscrit dans la feuille de route stratégique du groupe. En avril dernier, alors qu’elle amorçait une étape importante de son désengagement au Maroc, son principal marché africain, Société Générale expliquait que sa décision visait “à façonner un modèle simplifié, plus synergétique et performant tout en renforçant le capital du groupe”.
Fitch Ratings, l’agence américaine de notation, indiquait dans son rapport publié en mai dernier que le retrait des banques françaises du continent, dont Société Générale, était essentiellement dû à la notion de risque que ces filiales peuvent représenter dans le bilan de leur maison mère.
SUZANNE BATISTA
Source : Sika Finance / Financial Afrik