A partir du mois prochain, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) veut faire rapatrier dans la région les revenus des compagnies pétrolières en devises, mais aussi les fonds mis de côté pour réparer les sites de production pétrolière après exploitation. La mesure pensée depuis 2018 pourrait néanmoins entraîner une perte cumulative de 86 milliards de dollars d’ici 2050 pour les six pays membres, selon une analyse de Standard & Poor’s.
Le scénario inclut une réduction de 45 milliards de dollars d’investissements en capital, une perte de 47 milliards de dollars en flux de trésorerie pour les entreprises, et une chute estimée de 15 % de la production pétrolière. Or, l’or noir représente 40% du PIB des pays producteurs de la région.
Depuis 2018, les investissements dans le pétrole et le gaz dans la région sont en baisse. Cette nouvelle réglementation de change imposée par la BEAC pourrait fortement accélérer ce déclin, car elle pourrait potentiellement affecter la confiance des investisseurs. Désormais, la banque centrale impose aux entreprises concernées de rapatrier ces fonds estimés entre 5 et 10 milliards de dollars vers des comptes sous son contrôle. La BEAC a fixé au 30 avril 2025 la date limite pour la signature d’accords formels. Au-delà de ce délai, les contrevenants s’exposent à des pénalités pouvant atteindre 150 % de leur contribution attendue.
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Cette réforme s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement des réserves de change et de stabilisation du franc CFA, soutenue par le FMI. Mais pour les compagnies pétrolières, elle représente une contrainte majeure. La centralisation des fonds dans la région limiterait leur flexibilité financière, compliquerait les opérations de paiement et pèserait sur la planification de nouveaux projets.
Le FMI justifie cette politique par la nécessité d’éviter une explosion de la dette publique. L’institution prévient que certains pays de la zone pourraient voir leur ratio dette/PIB dépasser 100 % d’ici 2029, sans une meilleure discipline budgétaire et un meilleur encadrement des flux financiers.
En l’état, la réforme pose un dilemme stratégique : renforcer les équilibres monétaires à court terme ou préserver l’attractivité de la région pour les investisseurs. À moins d’un ajustement, la pression sur le secteur extractif risque de se traduire par un affaiblissement structurel des recettes publiques dans une zone encore largement dépendante du pétrole. Quoi qu’il en soit, les compagnies pétrolières comme Perenco multiplient les tentatives pour trouver un terrain d’entente favorable, avant l’entrée en vigueur de la mesure.
Par la rédaction de H&C magazines
Source: Agence Ecofin