Pétrole : Impact des stocks mondiaux sur l’Afrique. Selon le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), les stocks pétroliers mondiaux observés ont fortement augmenté ces derniers mois, menaçant les revenus des pays africains exportateurs. En avril, les stocks de brut ont grimpé de 19,3 millions de barils, les réserves terrestres bondissant de 83,5 millions de barils après huit mois de baisse. Cette envolée des stocks fait suite à un ralentissement marqué de la demande mondiale, tandis que l’offre reste soutenue.
Les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), principaux consommateurs, ont vu leur demande reculer de 815.000 barils/jour sur un an en mars, dépassant les gains de 650.000 barils/jour des pays non-OCDE. Au total, la demande mondiale a reculé de 165.000 barils/jour sur cette période. L’essoufflement devrait se poursuivre avec une croissance revue à la baisse de 960.000 barils/jour en 2024, contre 1,06 million précédemment.
Cette surabondance de pétrole a fait chuter les cours début juin sous les 78 dollars le baril de Brent, loin des plus hauts 2024 à près de 92 dollars en avril. L’OPEP+ a annoncé le redémarrage progressif des coupes volontaires de production à partir du 4e trimestre.
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Pour les pays africains exportateurs, cette dégradation des fondamentaux représente une lourde menace économique et budgétaire. Le Nigéria, l’Algérie, l’Angola, la Libye et d’autres dépendent crucialement des recettes pétrolières pour financer leurs importations et dépenses publiques. Une chute des cours affecte leurs revenus d’exportation dans un contexte déjà fragilisé par la dette et l’instabilité politique pour certains.
Le Nigéria, premier producteur africain avec 1,35 million de barils/jour en mai, est particulièrement vulnérable économiquement aux fluctuations des cours. L’or noir représente encore environ 90% de ses exportations et un tiers de son PIB. L’Algérie (3ème avec 0,9 mb/j) en retire environ 60% de ses recettes fiscales, la Libye (1,19 mb/j) 95% de ses revenus extérieurs. L’Égypte, l’Afrique du Sud, le Maroc et d’autres gros importateurs, bénéficieront à l’inverse d’une facture énergétique allégée.
Au-delà du contre-choc pétrolier direct, c’est la solidité de la reprise économique mondiale qui sera mise à l’épreuve si les cours stagnent durablement à des niveaux bas. Une croissance anémiée pèserait sur la demande d’exportations et d’investissements dans toute la région.
Le sort des pays producteurs africains semble ainsi suspendu aux prochains arbitrages de l’OPEP+. Son poids déterminera si elle parviendra à rééquilibrer durablement le marché mondial par des coupes supplémentaires, ou si une ère de pétrole peu cher et abondant s’ouvrira, au risque d’aggraver les tensions sociales dans les pays les plus dépendants.
SUZANNE BATISTA
Source : Le360Afrique/ rapport AIE