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Or artisanal au Burkina Faso : une richesse méconnue qui mérite d’être revalorisée

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Au Burkina Faso, le ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières a annoncé la semaine dernière une production artisanale de plus de 8 tonnes d’or pour 2024, soit une performance au-delà de l’objectif initial de 500 kg. De l’aveu du ministre Yacouba Zabré Gouba, « le pays n’a jamais connu ces chiffres ». La contribution du secteur artisanal à la production nationale d’or reste pourtant sous-évaluée, malgré des progrès indéniables ces derniers mois.

Entre 2018 et 2022, la production issue des artisans miniers et des exploitations semi-mécanisées s’est établie en moyenne à 300 kg d’or par an, selon l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Pour Yacouba Zabré Gouba, la croissance enregistrée en 2024 est le résultat des mesures de lutte contre la fraude.

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En février 2024 notamment, le gouvernement a suspendu les exportations d’or issues de l’exploitation artisanale et semi-mécanisée. L’objectif affiché était d’assainir le secteur et de mieux organiser la commercialisation de l’or. Durant la suspension dont la durée n’a pas été précisée, les mineurs ont été appelés à vendre leur production à la Société Nationale des Substances précieuses (SONASP).

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Production d’or ASM au Burkina Faso 2018-2022

Issue de la restructuration de l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi-mécanisées (ANEEMAS), la SONASP assure aussi la gestion des centres de traitement mutualisé de minerai d’or. Ce type de centres, dont le premier a été inauguré en mars 2024, vise à mieux contrôler l’exploitation artisanale et à petite échelle d’or (ASM).

Défis persistants dans la formalisation du secteur

Le chiffre de 8 tonnes avancé par les autorités demeure toutefois inférieur aux estimations récentes de la production artisanale d’or au Burkina Faso. Selon le rapport d’une Commission d’enquête parlementaire sur le secteur minier publié en 2016, la production artisanale d’or se situerait entre 15 et 30 tonnes par an, avec une valeur médiane de 22,5 tonnes d’or. Dans le cadre d’une étude de 2014 au titre du Projet d’appui au développement du secteur minier (financé par la Banque mondiale), la production artisanale d’or du Burkina Faso est évaluée à 20 tonnes.

Selon des calculs de l’ONG helvétique SWISSAID, la part de la production artisanale et semi-mécanisée qui n’entre pas dans les circuits officiels fait perdre chaque année des millions de dollars au Burkina Faso. La production d’or non déclarée dans le pays a ainsi atteint 150 à 200 tonnes entre 2012 et 2022, ce qui représente une valeur de 6,7 à 9 milliards de dollars, indique l’organisation en 2024.

Pour SWISSAID, les comptoirs d’achats d’or ont joué ces dernières années un rôle central dans le commerce illicite de l’or au Burkina Faso, nombre d’entre eux opérant en dehors des règles fiscales ou celles édictées par le ministère des Mines. Le régime fiscal burkinabé en matière d’exportation d’or, moins attractif pour les producteurs que celui de pays voisins, jouerait également un rôle dans la contrebande d’or. L’organisation helvétique note aussi que la porosité des frontières complique la tâche des organes de lutte contre la fraude.

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« Nous comprenons que des difficultés existent pour appréhender de manière exhaustive les quantités d’or produites par les exploitations artisanales, dont certaines sont faites sur des sites dits ‘’sauvages’’, échappant au contrôle de l’administration. Il n’y a pas non plus une méthodologie officielle d’estimation ou d’évaluation adoptée par l’administration pour estimer la production artisanale de l’or », ajoute par ailleurs l’ITIE.

Pour mieux évaluer la production artisanale et semi-mécanisée d’or au Burkina Faso, les problèmes relevés ci-dessous sont autant de défis à relever, sans oublier la présence des groupes extrémistes dans le secteur, rendant l’équation encore plus difficile. Les mesures déjà prises par les autorités constituent néanmoins un pas dans la bonne direction et il faudra attendre les prochains mois pour voir si leur efficacité s’accroît.

Par la rédaction de H&C magazines

Source: Agence Ecofin