La CEDEAO, à Lomé, dans le cadre du premier Sommet de la Coopération énergétique en Afrique de l’Ouest (WA-ECS), les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont confirmé leur intention de créer un fonds fiduciaire destiné à sécuriser les transactions énergétiques transfrontalières. Ce projet, en discussion depuis 2020 avec la Banque mondiale, devrait permettre de lever l’un des principaux obstacles au développement d’un marché régional intégré de l’électricité : les problèmes chroniques de paiement.
Ce projet se justifie par des difficultés récurrentes dans la sous-région. Par exemple, le Nigeria, principal fournisseur d’électricité pour plusieurs de ses voisins, dont le Togo, le Bénin et le Niger, a récemment exprimé ses frustrations face à l’accumulation d’arriérés de paiement. En août 2024, la Commission nigériane de Régulation de l’Électricité (NERC) dénonçait les dettes significatives de ces pays. Ainsi, le Bénin devait 3,15 millions de dollars à Para-SBEE et 4,46 millions de dollars à Transcorp-SBEE, tandis que le Niger affichait une dette de 1,21 million de dollars envers Mainstream-NIGELEC. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire, fournisseur net d’électricité dans la région, a également signalé des cas récurrents de non-paiement, ce qui fragilise les finances des entreprises énergétiques.
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Ces tensions financières ont un impact direct sur la capacité des fournisseurs à investir dans l’entretien et l’expansion des infrastructures énergétiques, ce qui ralentit les ambitions régionales de créer un marché énergétique intégré.
Actuellement, les échanges transfrontaliers d’électricité en Afrique de l’Ouest représentent moins de 10 % de l’offre totale, un chiffre bien en deçà des attentes pour une région qui travaille depuis deux décennies à bâtir un marché énergétique commun.
Le fonds fiduciaire doit donc répondre à une double ambition : garantir aux producteurs d’énergie le paiement des factures et attirer davantage d’investissements privés dans un secteur vital pour la région. Pour cela, la CEDEAO compte notamment sur les banques commerciales pour définir les modalités de ce mécanisme
Selon la CEDEAO, ce fonds pourrait aider à débloquer les projets structurants de son plan directeur des infrastructures énergétiques 2019-2033, adopté en 2018 par les chefs d’État. Parmi les projets en cours : 75 initiatives visant à électrifier l’Afrique de l’Ouest. L’objectif ? Injecter 16 000 MW supplémentaires dans les réseaux et tisser 23 000 kilomètres de lignes d’interconnexion. Pas moins de 70 % de la production attendue viendront des énergies renouvelables, l’hydroélectricité en tête, soutenue par le gaz naturel, une énergie de transition, a insisté le commissaire. Depuis 2020, 5 milliards de dollars ont déjà été injectés dans le réseau, ont indiqué des sources.
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La mise en place de ce mécanisme intervient alors que la moitié de la population ouest-africaine reste sans accès à l’électricité. La région devra mobiliser environ 30 milliards de dollars d’ici 2030 pour moderniser ses infrastructures et intégrer davantage d’énergies renouvelables dans son mix énergétique.
SUZANNE BATISTA
Sources : Agence Ecofin/ Média CEDEAO
Image: CEDEAO