Investissement des africains à l’étranger. Les pays africains ne sont pas que des réceptacles passifs d’investissements directs étrangers (IDE). En effet, les entreprises et hommes d’affaires investissent aussi de manière croissante à l’étranger. Cette dynamique d’investissements directs africains à l’étranger (IDAE) reflète la montée en puissance des multinationales africaines au-delà des frontières nationales.
Selon le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les IDAE recouvrent un large éventail de secteurs, allant des industries extractives et manufacturières aux services financiers, des télécommunications à l’immobilier, en passant par l’agroalimentaire et les technologies de l’information.
De 2018 à 2023, le classement des investissements directs africains à l’étranger (IDAE) a connu des changements notables, reflétant les dynamiques économiques en cours sur le continent. Ainsi le Maroc arrive en première position du classement avec 836 millions de dollars investis par ses entreprises à l’étranger en 2023, suivi du Kenya (588 millions), de l’Égypte (390 millions), du Nigéria (256 millions) et de la République Démocratique du Congo (235 millions).
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Ce résultat du Maroc en 2023 témoigne de la réussite de la stratégie de diversification économique et de positionnement menée par le Royaume ces dernières années. Plusieurs facteurs ont contribué à cette performance, notamment le fait que des entreprises leaders comme l’OCP, Attijariwafa Bank, Addoha, Managem ou la BCP ont été activement soutenues dans leurs projets d’expansion internationale.
Le Kenya se positionne à la deuxième place du classement des investissements directs africains à l’étranger (IDAE), confirmant son dynamisme économique et sa capacité à projeter ses entreprises au-delà de ses frontières. Cette performance repose notamment sur la solidité de son secteur financier, largement internationalisé, qui compte des acteurs majeurs comme Equity Bank, Kenya Commercial Bank ou Cooperative Bank.
Parallèlement, le Kenya a su valoriser son avantage comparatif dans les technologies de l’information et de la communication (TIC). Des entreprises comme Safaricom, pionnière du mobile money, ou Wananchi Group dans le câble et l’internet, ont réussi à se déployer en Afrique de l’Est et même au-delà. Ce rayonnement s’appuie sur l’écosystème dynamique des start-ups kenyanes, véritable vivier d’innovations technologiques.
De son côté, l’Égypte poursuit sa remontée dans le classement des IDAE, portée par des conglomérats industriels diversifiés comme OCI ou Qalaa Holdings. Ces derniers accélèrent leur expansion régionale, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en tirant parti de leur expertise dans des secteurs clés tels que les engrais, les industries extractives ou les infrastructures.
Reléguées aux 4e et 5e rangs, les multinationales nigérianes (Dangote, UBA, Globacom…) et congolaises maintiennent néanmoins leur empreinte, misant sur les hydrocarbures, les mines et la finance.
Il est important de noter que les flux d’IDAE demeurent modestes en comparaison des IDE entrants en Afrique, reflétant les défis persistants liés au financement, à la facilitation des affaires et à l’intégration régionale. Pour changer la donne, les gouvernements africains ont un rôle crucial à jouer pour créer un environnement propice aux investissements panafricains, en améliorant la gouvernance, en renforçant les infrastructures et en promouvant une véritable intégration des marchés.
SUZANNE BATISTA
Source : Le360Afrique/ Rapport CNUCED