Les restrictions d’exportation décidées par l’Inde, premier expéditeur mondial de riz, compliquent l’approvisionnement en Afrique de l’Ouest.
C’est une nouvelle flambée des prix qui met les pays ouest-africains sous pression. Ces dernières semaines, le cours du riz est en forte hausse, passé de 480 dollars (442 euros) la tonne fin juin à environ 640 dollars. Un mouvement particulièrement visible depuis la fin du mois de juillet et l’annonce de nouvelles restrictions d’exportation de la part de l’Inde, premier expéditeur mondial de la céréale depuis 2012 et fournisseur de premier plan de l’Afrique de l’Ouest.
L’Inde a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre les expéditions de riz blanc non-basmati sur le marché international. L’annonce a été faite dans un communiqué du ministère indien de la Consommation, de l’Alimentation et de la Distribution publique rapporté par Reuters.
A travers cette mesure, le pays souhaite garantir un approvisionnement adéquat pour les consommateurs indiens et atténuer la hausse des prix sur le marché intérieur. Selon les autorités, cette nouvelle mesure vise à assurer une disponibilité suffisante de la denrée dans un contexte où les pluies de moussons tardives, mais abondantes ont causé des dommages importants aux cultures. Elle devrait en outre permettre d’atténuer la hausse des prix au détail de la denrée sur le marché local.
L’annonce a eu l’effet d’une bombe sur le marché international, puisque l’Inde représente 40 % des expéditions mondiales de cette céréale. En 2022, New Dehli a exporté 22 millions de tonnes dans 140 pays, dont 10,3 millions de tonnes de riz non parfumé, soit environ le quart des exportations.
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L’Afrique, très dépendante du riz indien, pourrait pâtir de cette mesure. Denrée la plus consommée dans de nombreux pays du continent, principalement en Afrique de l’Ouest, cet “or blanc” aiguise les appétits des consommateurs.
Il faut noter que sur le continent, le Togo, le Cameroun, le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Nigeria sont les principaux acheteurs de riz non-basmati d’Inde.
Le Bénin par exemple en importe 75% de ses besoins en riz. En 2021, ce pays a acheté plus de 1,2 millions de tonnes de riz non-basmati indien, ce qui en faisait le premier importateur africain de l’ “or blanc” indien, devant le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Togo.
Le Sénégal, cinquième producteur de riz en Afrique de l’Ouest, est aussi fortement dépendant des cargaisons indiennes. Sur les 1,2 voire 1,5 millions de tonnes de riz achetées sur le marché international, plus de la moitié provient de l’Inde.
Cette suspension des exportations du riz indien n’est pas une première. En 2022, le pays avait interdit des exportations de brisure de riz (sous-produit du processus de production du riz), après une sécheresse importante qui sévissait dans les principales régions rizicoles. Et imposé une taxe de 20% sur les exportations de riz de qualité supérieure.
La part de marché dans les importations de riz dépasse les 80% dans de nombreux pays africains.
Pour de nombreux experts agricoles, la suspension des exportations de l’Inde et cette conjoncture peu favorable, devraient inciter les pays africains à miser davantage dans la production rizicole locale pour briser cette dépendance. D’ailleurs des pays comme la Guinée et le Niger ont récemment annoncé l’interdiction des exportations de riz pour privilégier la consommation locale.
SUZANNE BATISTA
Source Jeune Afrique/ Le 360 Afrique