Eurobonds, pour sa première sortie sur le marché international des capitaux (Eurobonds) en plus de deux ans, le Nigeria a mobilisé 2,2 milliards $. Initialement fixé à 500 millions $, l’opération a attiré des souscriptions de près de 9 milliards $, selon un communiqué de l’Office nigérian de gestion de la dette publique (Debt Management Office – DMO).
L’institution met en avant l’attractivité des titres nigérians. « L’émission réussie d’aujourd’hui témoigne de la confiance croissante dans les efforts continus de l’administration du président Bola Ahmed Tinubu pour stabiliser l’économie nigériane et la placer sur la voie d’une croissance durable et inclusive au bénéfice de tous les Nigérians. L’intérêt diversifié des investisseurs pour nos euro-obligations est encourageant alors que nous continuons à diversifier nos sources de financement et à renforcer notre engagement avec les marchés de capitaux internationaux », a déclaré Olawale Edun, ministre des Finances du Nigeria.
Cependant, les taux d’intérêt élevés appliqués à cet emprunt attirent l’attention. Pour les 700 millions $ remboursables en 6,5 ans, le taux s’élève à 9,625 %. Quant aux 1,5 milliard $ à maturité de 10 ans, ils portent un taux de 10,375 %. Ces coûts de financement sont nettement supérieurs à ceux des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui ont également mobilisé des fonds sur ce marché en 2024.
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Par exemple, l’emprunt de 750 millions $ émis par le Bénin en février 2024, remboursable en 2038, affiche un taux d’intérêt de 7,96 %, avec un rendement actuel inférieur à 8 %. La Côte d’Ivoire, de son côté, a émis en janvier 2024 une obligation de 1,5 milliard $, remboursable sur 12 ans, avec un taux de rendement actuel de 8,27 %. Enfin, l’emprunt du Sénégal réalisé en juin 2024 portait un taux d’intérêt de 7,75 %.
Ces écarts de taux reflètent la perception des risques souverains et de stabilité économique entre le Nigeria et les pays de l’UEMOA. Les investisseurs exigent des rendements plus élevés pour compenser les risques associés aux titres nigérians, mettant en lumière les fragilités persistantes de la première économie d’Afrique. Ces fragilités pénalisent la capacité du pays à renforcer sa production intérieure, un élément essentiel pour rassurer sur sa solvabilité à l’international.
L’année 2024 marque le retour des pays africains sur le marché international des capitaux. Selon des données de marché consultées par l’Agence Ecofin, plus de 18,3 milliards $ ont été levés par les gouvernements de la région via des émissions d’Eurobonds. Avec l’opération récente du Nigeria, ce chiffre s’approche des 20,7 milliards $ obtenus en 2021, atteignant désormais 20,45 milliards $.
Suzanne Batista
Sources : Agence Ecofin / Communiqué DMO