Eurobond en Afrique. L’Angola, l’Égypte, le Ghana, le Nigeria et l’Afrique du Sud accaparent actuellement 71,10 % de la valeur nominale cumulée des euro-obligations en circulation émises par l’ensemble des pays du continent, selon un rapport publié par Development Reimagined, un think tank basé en Chine et constitué de consultants en développement.
Intitulé “Africa’s Eurobonds : How large are the eurobonds held by African countries, how might they impact budgets in future, and what scope for reducing their costs?”, le rapport précise que 19 pays africains ont émis un total de 91 eurobonds libellés en dollars américains entre 1997 et 2023, dont 65,93 % ont été émis par les cinq pays précités.
L’Égypte tient le haut du pavé avec 22 eurobonds en circulation, devant le Nigeria et l’Afrique du Sud qui en ont chacun 10.
L’Égypte dispose des maturités les plus longues (40 ans) et les plus courtes (4 ans), mais la maturité de 10 ans reste encore la plus courante à l’échelle continentale.
En ce qui concerne la valeur des euro-obligations par rapport au produit intérieur brut (ratio eurobond en circulation/PIB), le Gabon affiche le taux le plus élevé (24,75 %), devant le Ghana (24,02 %), l’Angola (19,05 %) et la Côte d’Ivoire (16,87 %).
Le document révèle par ailleurs que les valeurs de remboursement annuel des eurobonds varient d’un pays à l’autre et dépendent largement de leurs taux de coupon, qui peuvent dépasser 9 %. En conséquence, certains seront obligés de rembourser jusqu’à 5 milliards de dollars en une seule année.
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Avec les conditions d’emprunt actuelles, les économies africaines continueront d’être étranglées sur le plan budgétaire, et devront souvent rembourser leurs obligations au détriment des priorités urgentes de développement.
Pour alléger le fardeau de remboursement de ces eurobonds, le rapport recommande aux pays africains qui envisagent d’émettre de nouvelles euro-obligations de viser des échéances plus longues et de prendre des mesures pour contrer la “prime de risque africaine”.
S’inspirant de la décision prise par l’Égypte en 2010 d’abandonner l’émission d’euro-obligations à 10 ans, d’autres pays africains ont déjà suivi cette tendance en émettant des euro-obligations à plus long terme. En allongeant ces échéances, les paiements de coupons annuels sont comprimés et répartis sur une plus longue période, ce qui donne aux emprunteurs une plus grande marge de manœuvre budgétaire et réduit les risques de défaut sur le remboursement de la dette.
Au cours des quatre à cinq prochaines années, les pays africains devraient envisager le rachat de leurs euro-obligations en circulation afin d’éviter des tensions budgétaires très prévisibles. Ces rachats représentent un moyen efficace pour les gouvernements de gérer leurs paiements au titre du service de la dette, dans la mesure où ils réduisent les charges d’intérêt.
SUZANNE BATISTA
Source : Agence Ecofin / Rapport de Development Reimagined