La Banque Centrale Européenne pourrait baisser ses taux directeurs, selon de nombreux analystes spécialisés dans le fonctionnement et les décideurs de l’institution. Une telle décision finale va être prise lors du comité de politique monétaire de juin 2024, marquant potentiellement le début d’une série de réductions de taux dans la zone euro.
En effet, l’écosystème financier international observe attentivement les prochaines décisions de la Banque Centrale Européenne (BCE) concernant ses taux directeurs. Cette vigilance est particulièrement cruciale pour la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) et la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Ces deux institutions, qui gèrent des monnaies arrimées à l’euro par une parité fixe, sont liées par des accords de coopération avec la France, accords ayant évolué au fil du temps.
Historiquement, la BCEAO et la BEAC ont souvent suivi les décisions de la BCE. Cela s’explique en partie par la parité fixe qui lie leurs monnaies à l’euro, malgré des contextes économiques et des politiques budgétaires distincts.
Actuellement, la zone euro est confrontée à une dette croissante des entreprises et des Etats, tandis que les ménages, freinés par des taux élevés, réduisent leur consommation habituellement financée par le crédit. Bien que les entreprises aient augmenté leur productivité, les prix continuent d’augmenter, quoique plus lentement, en raison des coûts de production élevés. Le produit intérieur brut (PIB) reste quasi stable, posant des défis internes à la BCE.
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Les décisions de la BCE auront des répercussions directes pour la CEMAC et la BCEAO. En particulier, la rémunération des réserves de change est en jeu. La BEAC continue de déposer ses réserves sur le compte des opérations du Trésor public français. Selon l’article 6 des accords de coopération monétaire, ces réserves sont rémunérées aux taux directeurs de la BCE. Par conséquent, une baisse de ces taux entraînerait une diminution des revenus pour la BEAC.
Pour la BCEAO, l’impact sur les marchés sera crucial. Une baisse des taux de la BCE pourrait réduire le coût du crédit, stimulant potentiellement les emprunts des entreprises, des ménages et du gouvernement. Toutefois, cela pourrait également diminuer les rendements des actifs obligataires, réduisant ainsi la rémunération des réserves de change de l’UEMOA.
Une réduction des taux directeurs par la BCE peut entraîner des effets indirects plus complexes. Dans la zone CEMAC comme dans l’UEMOA, cela pourrait améliorer la liquidité en devises.
Cette pression sur la liquidité extérieure a contraint la BEAC et la BCEAO à maintenir des taux directeurs élevés, visant à ralentir l’inflation, bien que celle-ci soit en décélération et que les hausses de prix soient principalement dues à des produits alimentaires en offre insuffisante et à des produits énergétiques importés, influencés par des contextes globaux.
Les banques centrales des zones CEMAC et UEMOA réfléchissent et prévoient ces enjeux, mais elles ne partagent pas toujours leurs conclusions avec les autres agents économiques. Cette absence de communication claire complique la visibilité des investisseurs sur les perspectives à court et moyen terme.
SUZANNE BATISTA
Source : Agence Ecofin/ Financial Afrik