Environ 65 % des banques opérant en Afrique subsaharienne considèrent les risques liés à la cybersécurité comme un frein majeur à l’accélération de leur transformation numérique, révèle un rapport de la Banque européenne d’investissement (BEI).
Intitulé « La finance en Afrique : Débloquer l’investissement à l’ère de la transformation numérique et de la transition climatique », le rapport s’appuie sur une enquête réalisée entre février et mars 2024 auprès de 51 banques opérant au sud du Sahara.
Les préoccupations en matière de cybersécurité, bien qu’elles soient jugées critiques par une majorité des établissements, sont perçues comme un frein modéré ou mineur par 31 % des banques interrogées.
Les autres facteurs majeurs qui freinent une digitalisation accrue des opérations bancaires sont notamment le manque de savoir-faire et les connaissances limitées en informatique (36%), la concurrence des entreprises de télécommunications et de technologies financières (35%), les exigences relatives à la connaissance des clients (29%) et les exigences réglementaires inexistantes, imprécises ou incertaines (23%).
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Malgré ces freins, près de 90 % des banques investissent dans des programmes de formation pour améliorer les compétences numériques de leur personnel. Ces efforts s’inscrivent dans un contexte de compétition croissante avec les start-up de technologies financières (fintechs) et les opérateurs télécoms, qui élargissent leur champ d’action vers les services financiers.
Aujourd’hui, la prestation de services numériques constitue un pilier incontournable pour les banques traditionnelles. Les trois services numériques les plus courants sont les transferts de fonds à l’échelle nationale (90%), la réception de paiements de la part de clients (80 %) et le paiement des factures ou des fournisseurs (75%).
Parmi les banques couvertes par l’enquête, la moitié propose d’autres opérations bancaires via des canaux numériques tels que le transfert de fonds à l’échelle internationale ou l’ouverture d’un compte bancaire à distance, tandis qu’un tiers envisage l’introduction de ces services.
Toutefois, si les banques sont de plus en plus concurrencées par les fintechs, les partenariats entre les unes et les autres sont également fréquents. Les banques sont fortement incitées à s’associer à des entreprises de technologies financières, notamment pour améliorer l’expérience client (100% des banques sondées), accéder à des technologies innovantes (95 %), élargir leur clientèle (91%) et réaliser des économies de coûts (87%).
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Le rapport indique que le secteur des technologies financières a enregistré une croissance modérée ces deux dernières années, après une expansion rapide entre 2020 et 2022. En janvier 2024, on recensait plus de 1263 fintechs en Afrique, contre 1049 en avril 2022 et 450 en 2020. Les fintechs restent cependant fortement concentrées dans les plus grandes économies d’Afrique. Le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Kenya et l’Egypte accueillent environ 70 % du total de ces start-up qui révolutionnent le monde de la finance en Afrique, et attirent environ 80 % des financements orientés vers ce secteur.
SUZANNE BATISTA
Sources : Agence Ecofin/ Rapport BEI